Le DIS par et pour les femmes tchadiennes

16 fév 2009

Le DIS par et pour les femmes tchadiennes

N'djamena, 9 février 2009 -- Suite à la résolution 1778 du Conseil de Sécurité de l'ONU, la Mission des Nations Unies en République Centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) a reçu le mandat de sélectionner, entraîner, conseiller et faciliter le soutien des éléments de la police et de la gendarmerie tchadiennes qui constituent le Détachement Intégré de Sécurité (DIS). Le DIS est une force de protection humanitaire tchadienne spécialement formée par la MINURCAT et en voie de déploiement progressif à l'Est du Tchad. Cette force est chargée d'assurer la sécurité des camps de réfugiés, des sites abritant les personnes déplacées ainsi que les organisations humanitaires.

Les membres de ces cellules du DIS ont entre autres trois responsabilités principales en terme d'actions :

 l'accueil des victimes de violences ;
 l'orientation des victimes vers les structures de prise en charge adéquates (prise en charge psycho sociale, médicale et juridique) ;
 les enquêtes de police.

Compte tenu du rôle important des femmes dans la prise en charge pluridisciplinaire et intégrée des femmes victimes de violence sexuelle, le point focal Genre de la Police des Nations Unies a multiplié les rencontres auprès des responsables de la Police et de la Gendarmerie Tchadiennes afin de les sensibiliser sur ce fléau. Les partenaires tchadiens ont fait des efforts louables afin de mettre à la disposition du DIS un nombre important d'éléments féminins. Ainsi, la seconde promotion comptait dans ses rangs plus de 60 femmes dont les 8 premiers lauréats.

Djmanmitta Damaris Bagaou est un officier du Détachement Intégré de Sécurité (DIS). Elle a été la lauréate de la deuxième promotion du DIS. Mariée et mère de trois enfants, elle a été officier de formation et a suivi ses études d'officier au Groupement d'écoles militaires Interarmées (GEMIA) à N'Djamena. Afin de se perfectionner dans son domaine, elle a également suivi des stages à l'étranger (au Cameroun et au Ghana) sur le maintien de l'ordre, le maintien de la paix et la gestion de conflits.

Sur la question des relations entre hommes et femmes au sein du DIS et de la société tchadienne, le capitaine Bagaou fait état des difficultés liées à la culture tchadienne : « Pour faciliter nos relations, j'essaie de leur apporter des éléments, des articles de la Constitution, je prends toujours en référence les différentes résolutions des Nations Unies (Résolutions 1325 et 1820) qui accordent beaucoup d'importance aux femmes et à la parité. Quand je suis incomprise, je suis contrainte de faire

appel aux textes. On dit que la femme reste femme mais dans les missions je crois que les femmes accomplissent leurs tâches, leur devoir avec beaucoup plus de facilité que les hommes. Comme la mission du DIS est d'assurer d'abord la sécurité des réfugiés, des personnes déplacées, des personnes vulnérables, des vieillards et des enfants, je pense que ce travail incombe davantage aux femmes surtout dans les cas de violence sexuelle parce qu'il est plus facile pour une femme de se confier à une autre femme ».

Le capitaine Bagaou, par rapport à son expérience au niveau du DIS, conseille surtout au personnel féminin de la police et de la gendarmerie de ne pas baisser les bras et de remplir leur mission avec fierté. Elle demande aux hommes de voir les femmes comme leur sœur, leur femme, leur collègue et de ne pas les sous-estimer. « J'ai l'impression que les femmes ont aussi le même coefficient intellectuel que les hommes. Elles peuvent faire les mêmes travaux, assumer les mêmes responsabilités. Que les hommes respectent les femmes car sans la femme, il n'y a pas la vie ».